Pour une justice du genre au Bénin, des militantes, des expertes et des femmes leaders se réunissent pour leur plan d'action

La question de la justice du genre est devenue très importante et urgente dans un monde où les inégalités persistent sous diverses formes. Le 11 octobre 2023, 20 militantes, femmes leaders et expertes, réunies en groupe de travail, se sont rencontrées dans les locaux de la Friedrich Ebert Stiftung Bénin pour une journée d'élaboration du plan d'action. Cette rencontre office de la deuxième rencontre a permis au groupe de travail de mener des réflexions transformatives pour proposer un plan d'action qui représente une feuille de route et un repère.

Au Bénin, malgré certains progrès, la route vers l'égalité du genre est encore longue. Les femmes béninoises sont confrontées à des taux inquiétants de violence domestique et sexuelle, dont de nombreuses situations échappent aux signalements officiels. Les inégalités en matière d'accès à l'éducation et aux opportunités économiques persistent pour les femmes, et leur représentation dans les organes décisionnels demeure insuffisante. La rencontre du 11 octobre a été une occasion pour passer des paroles aux actes pour une justice du genre au Bénin. Son objectif a été  de convertir la prise de conscience et la compréhension de la justice de genre en actions concrètes, afin d'élaborer un plan d'action spécifique pour combattre les inégalités de genre, promouvoir les droits des femmes et favoriser une société plus juste et inclusive. Lors de cette journée, les participantes ont entamé les discussions par une analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces) du féminisme au sein de leur groupe de travail, en se divisant en groupes pour discuter des différents aspects.

Pour les militantes, les femmes leaders et les experts présents, les forces du mouvement féministe incluent la conviction, la prise de conscience des inégalités de genre, la diversité multisectorielle et l'approche intersectionnelle. Les opportunités identifiées comprennent l'existence de plateformes féministes pour la formation et l'échange, la diplomatie féministe, l'utilisation croissante des réseaux sociaux pour libérer la parole, le renforcement des alliés progressistes, ainsi que la création de forums de prise de parole pour les femmes et les filles. En revanche, les faiblesses soulignées sont l'absence de brassage intergénérationnel, l'individualisme, le manque de communication et de coordination, ainsi que la compréhension insuffisante du concept de genre par certaines parties. Enfin, les menaces identifiées incluent les conflits de leadership entre les organisations, l'environnement social et politique, le manque de solidarité et de sororité, ainsi que la persistance du patriarcat.

"Cette analyse nous permettra de définir nos priorités dans nos prochaines actions", a déclaré une membre du groupe de travail.

La deuxième partie de la journée a permis de mettre sur la table les actions concrètes à mettre en œuvre au sein du groupe, mais également pour consolider le mouvement féministe au Bénin. Classées en priorité par la plénière, on retrouve des grandes lignes comme des actions de renforcement des capacités, des actions de déconstruction des stéréotypes, les orientations stratégiques du genre au Bénin et les soins collectifs et individuels du genre.

Cet exercice a laissé place à la dernière, qui se consacrait aux féministes elles-mêmes. Elles ont mis en place un code de conduite pour ce groupe de parole, qui a précédé le cercle de parole. Ce cercle de discussion a permis aux militantes, femmes leaders et experts de libérer la parole sur leurs ressentis, de partager leur fatigue émotionnelle et de trouver du réconfort dans les propositions et les partages des uns et des autres.

Le groupe de travail sur la justice du genre est désormais un porte-flambeau pour une justice du genre effective. "Nous avons hâte de nous retrouver prochainement", déclarent les participantes. La Friedrich Ebert Stiftung est ravie de pouvoir continuer à offrir des espaces libres, sûrs et de partage pour des processus de transformation. Nous sommes également convaincues que les revendications historiques et combats politiques de la social-démocratie pour la justice sociale et une répartition équitable du pouvoir et des richesses sont intimement liés à la justice de genre.