Crise Démocratique en Afrique Subsaharienne : quand démocratie rime avec l’autoritarisme

De Laure Laurent Faton a ouvert la discussion en affirmant que la démocratie n'est pas un concept exclusivement occidental. Il a rappelé que des systèmes de gestion basés sur la séparation des pouvoirs existaient déjà dans les royaumes africains traditionnels. Selon lui, l'Afrique traverse actuellement une phase de maturation démocratique. Les libertés, initialement étendues, se sont progressivement restreintes avant de se stabiliser vers une forme plus mature de démocratie. Il continue en disant que l'Afrique Subsaharienne est à une étape importante de son développement démocratique. Les transitions structurelles observées tous les quinze ans indiquent un processus évolutif. Cependant, il souligne que les partis politiques au Bénin manquent souvent d'une idéologie solide, se résumant à des regroupements d'individus sans vision politique claire.

Miguèle Houéto a abordé le déclin de l'engagement politique des jeunes en soulignant le désengagement croissant de cette frange de la population vis-à-vis de la politique. Elle a observé un recul significatif de la motivation des jeunes à s'impliquer dans la vie politique, une situation préoccupante pour l'avenir démocratique du continent. Elle n’a pas manqué d’affirmer: « Autrefois, la Fondation serait bondée de monde pour ce thème !» Bien qu'elle ne soit membre d'aucun parti politique, elle se considère impliquée dans la politique, affirmant qu'il est possible d'être un acteur politique sans appartenance partisane. Elle a par ailleurs, souligné la présence des femmes au Parlement qui aujourd’hui réjouit des militantes et les autres femmes. Mais cette présence n’est pas suffisante, une participation significative est, selon elle plus judicieuse. Le rapport d'IDEA International a révélé que l'Afrique, bien qu'ayant connu un mouvement de démocratisation dans les années 1990, voit aujourd'hui cette espérance estompée par le retour de l'autoritarisme. La carte politique de l'Afrique subsaharienne montre une diversité de régimes allant des monarchies aux démocratures, où la démocratie n'est qu'un simulacre. Sur les quarante-neuf (49) pays d'Afrique subsaharienne, vingt-trois (23) sont des démocratures où les élections s’organisent sans possibilité réelle d'alternance. Un point abordé par Miguèle est le besoin d'expression ressenti par les populations. Elle a insisté sur l'incompatibilité entre bâillonnement et liberté dans un modèle démocratique. Pour elle, une démocratie véritable ne peut s’émanciper et se consolider que dans un environnement où les citoyens sont libres de s'exprimer et de participer pleinement à la vie politique.

Les participants à ce Café Politique n’ont pas manqué de tourner leurs regards sur les différents points relevés par les panélistes. Ce qui conduit à la réflexion sur l’insuffisance des formations des jeunes citoyens aux questions démocratiques et au leadership politique.

La Friedrich-Ebert-Stiftung reste engagée pour la promotion des valeurs de démocratie sociale, de justice sociale, de leadership et de bonne gouvernance. Ces échanges constructifs sont essentiels pour baliser et éclairer la voie vers une démocratie plus consolidée et plus inclusive en Afrique Subsaharienne. Ce Café Politique marque une étape importante dans la réflexion collective sur l'avenir démocratique du continent, et la Friedrich-Ebert-Stiftung continue d'œuvrer pour un dialogue ouvert et constructif sur ces enjeux cruciaux. Elle met un point d’honneur dans son programme Jeune Leader du Bénin et favorise les espaces d’échanges entre les différents porte-étendards de métiers béninois et africains pour des échanges constructifs.

Le Café Politique a permis de mettre en lumière les défis et les opportunités pour la démocratie en Afrique Subsaharienne en construction et soumis aux diverses intempéries. Les discussions ont révélé une quête de maturité démocratique, un besoin de réévaluation des structures politiques et une nécessité de renforcement du leadership. Les interventions de Laure, Steve et Miguèle ont enrichi le débat, soulignant la diversité des perspectives et des différentes expériences.